La Préhistoire
Les traces d’occupation de l’homme apparaissent dès le paléolithique dans notre région. Autour de 1900, des outils en silex datant de la préhistoire ont été découverts en particulier au débouché de la vallée de Matour. La présence humaine se poursuit au Néolithique, dernière période de l’âge de pierre. Elle est attestée par la découverte de haches en pierre polie en différents lieux du canton et de la commune, en particulier à Audour (Dompierre-les-Ormes) et dans les hameaux de Pierrelaye et de Châteauthiers (Matour). Insensiblement, vers 5000 à 3000 ans av.JC, les premiers agriculteurs remplacent les chasseurs. Ils affirment leur territoire et leur cohésion sociale par l’érection de mégalithes ou cercles de pierres dressées, encore visibles aujourd’hui, dont la trace reste présente dans les mémoires et dans les noms de lieux.
L’Âge du Bronze
Vivant en tribus, utilisant les ensembles mégalithiques comme lieux de réunion ou de cérémonie, les hommes de l’âge du bronze nous ont laissé de nombreux témoignages de leur activité, tels que cet ensemble d’outils, d’armes et de bijoux découvert à la fin du XVIIIe dans la région, et daté de 800 av.JC.
Les Gaulois
L’époque gauloise voit la région déjà parcourue par les voies de communication de la Cité des Eduens. Matour constitue la frontière sud de cette tribu gauloise importante dont la capitale se situe à Bibracte (actuel Mont Beuvray). Des oppida, places fortes étagées en profondeur, protègent le pays des incessantes rivalités entre tribus. Saint-Pierre-le-Vieux (Resedon) et Brandon (Brannodunum), très proches de Matour, en auraient constitué la première ligne. Agriculture féconde, exploitation de la forêt, métallurgie du fer, attestent le degré de civilisation atteint par les Gaulois, inventeurs d’une charrue à roue, du tonneau, et dont les nombreux véhicules attelés parcourent déjà des routes qui faciliteront grandement la conquête romaine au 1er siècle av.JC.
L’époque gallo-romaine
Traces de camps militaires, ponts (Montravant), tracés de voies antiques (Via regia), attestent de la présence romaine. Les nombreux vestiges retrouvés montrent l’implantation de nombreuses villas gallo-romaines, et l’essor d’une économie importante. Sur le territoire de Matour, débris d’armes, ustensiles, monnaies, tuiles (tegulae), emplacement de thermes, ont été relevés.
Les invasions barbares
À la fin du IVe siècle, la région subit à son tour le choc des invasions barbares. Les Burgondes, des Germains chassés par les Huns, s’installent durablement. Leur royaume, la Burgondie, donnera son nom à la Bourgogne. En 534, les Francs, autres envahisseurs germains, soumettent les Burgondes. Gandaumer, seigneur franc, possesseur de 3 meix, est le maître des 3 villages qui deviendront le hameau de Trécourt. Une motte, château de bois primitif, fondée par un seigneur d’origine germanique, occupe déjà sans doute le site de Châteauthiers.
Les Sarrasins
En 731, les Sarrasins, partis du Languedoc qu’ils occupent, remontent la vallée du Rhône, et font de larges incursions dans l’intérieur du pays. Plus qu’une gigantesque armée, il s’agit plutôt de troupes qui opèrent en ordre dispersé, à la recherche de butins. Leur passage frappera suffisamment les imaginations pour être à l’origine de l’une des versions de la légende du nom de Matour. Cette légende est associée à l’existence d’une motte fortifiée située sur la colline de la Garenne, hameau de Matour.
Apparition du nom de Matour
Le nom même de Matour apparaît au Xe siècle dans les chartes de l’époque. Mais le village existait vraisemblablement déjà, groupé autour de son église. On lui donne dès 946 le titre de vicus (ou viguerie), sorte de chef-lieu à l’époque carolingienne. En 979, la viguerie de Matour (Matornensis vicaria) est encore entourée de nombreuses villas d’origine gallo-romaine, souvent citées à l’époque post-carolingienne. L’église de Matour, dédiée à la Vierge, est citée officiellement dès 980.
L’époque capétienne
Au XIe siècle, la région fait partie de la vicomté du Mâconnais. La seigneurie de Châteauthiers prend de l’importance; en 1260, le premier seigneur connu de ce château féodal est Guillaume de Chazautiard. Une léproserie s’installe dès l’époque des croisades au hameau de La Prasle. Elle est tenue par des chevaliers de l’ordre de Malte. Entre 1436 et 1439, les « écorcheurs », bandes armées licenciées à la suite du traité d’Arras, écument la région. La frayeur causée par leur passage sera à l’origine de la deuxième version de la naissance du nom de Matour, toujours localisée lors d’un siège du château de la Garenne.
Les guerres de religion
Entre 1567 et 1575, les Calvinistes ravagent le Brionnais, et poussent leurs incursions jusqu’aux monastères de la région de Matour. Le prieuré du mont Crozant (actuel mont Saint-Cyr), construit en 1067, est entièrement détruit. La légende veut que l’attaque ait été conduite par l’amiral de Coligny, chef militaire des protestants, lui-même. Mais sa mort à Paris en 1572, lors de la St Barthélémy, rend cette hypothèse peu probable.
Les XVIIe et XVIIIe siècles
En 1620, Louis XIII accorde par lettres patentes les 2 premières foires de Matour, le 21 mars et le lendemain de la Toussaint. La seigneurie de Matour et de Châteauthiers est érigée en comté. Châteauthiers, demeure comtale de la famille de Foudras, quitte son aspect de forteresse médiévale et s’entoure de jardins. A Matour même, la maison forte adossée aux fours banaux, qui appartient à la famille de Foudras, se transforme en pavillon de chasse.
La Révolution
Les convulsions de la Révolution touchent peu Matour, qui devient le refuge de nombreux prêtres et religieux réfractaires. La famille Castellane, qui a remplacé les de Foudras à Châteauthiers, n’est pas inquiétée. Un certain Jean-Marie Lapalus, personnage local, fait grand peur par son action sanglante de juge au sein de la commission révolutionnaire de Feurs. Il se contentera de terroriser la châtelaine d’Audour au point de l’obliger à le recevoir à dîner. Le 6 février 1790, Matour devient chef-lieu de canton dans le département de la Saône & Loire qui se crée.
Le Premier Empire
En 1814, les Autrichiens occupent l’ensemble du département. Leur présence brutale reste encore aujourd’hui dans la mémoire transmise, posant le terme « autrichien » comme synonyme de « vraiment méchant ». Pour punition , ils donnent la schlague au lieu-dit La Baize. Chassés par Napoléon durant les « cent jours », ils reviennent dès 1815 pour une occupation encore plus dure.
La Restauration
En 1816, Louis XVIII fixe les 12 foires de Matour au deuxième jeudi de chaque mois.
Le Second Empire
Le Second Empire est une période de développement pour Matour. Regroupant 2500 habitants, le bourg est un chef-lieu de canton prospère. On y trouve justice de paix et administrations. En 1853, la châsse de Sainte-Angélique, don de Mme de Chassipolet, propriétaire de Châteauthiers, est transférée dans l’église de Matour, en une procession qui regroupe près de 3000 personnes. Ces reliques, exhumées en 1846 de la catacombe de St Cyriaque à Rome, avaient été offertes par le cardinal Patrizzi au diocèse d’Autun, et attribuées à Mme de Chassipolet. En 1868, l’ancienne église est remplacée par une église plus grande, de style néo-roman. Napoléon III lui-même marque son intérêt pour Matour, et offre à l’église deux tableaux en 1866 et 1868, copies de « l’annonce aux bergers » de Palma di Vecchio, et de « la nativité de la Vierge » de Murillo.
La fin du XIXe siècle
En 1875 arrive le télégraphe électrique. En 1880, installation d’une grande croix de 7m de hauteur au sommet de la montagne Saint-Cyr. En 1889, arrivée du chemin de fer, avec la ligne Chalon-Roanne. Cette ligne, qui désenclave considérablement la région, fonctionnera jusqu’en 1938. A Noël 1895, une Société d’Etudes est créée. Certains de ses membres produiront des travaux d’un intérêt scientifique reconnu. Outre son aide au développement des techniques agricoles, la Société sera à l’origine d’un musée regroupant des collections de valeur dont certaines ont été conservées jusqu’à nos jours, et servent de noyau à l’actuelle Maison des Patrimoines.
Le XXe siècle
Le réseau téléphonique se met en place progressivement à partir de 1901. En 1908, le clocher de l’église est foudroyé. En 1911, un cyclone frappe durablement les esprits. La Poste s’installe au bourg en 1914. De 1914 à 1918, 108 jeunes du pays disparaîtront dans la tourmente de la grande guerre. Matour possède la collection complète des affiches de propagande éditées par l’Etat pour soutenir l’effort de guerre, témoignage unique de l’état d’esprit de l’époque. La vie quotidienne change lentement entre les deux guerres, la saignée de toute une génération ayant accentué une dépopulation amorcée à la fin du XIXe. L’électricité s’installe en 1927, au prix de travaux considérables dans cette région de montagne. Durant la seconde guerre mondiale, le mode de vie ancien est appelé à l’aide pour surmonter les difficultés de l’occupation. L’activité de la Résistance dans la région provoque localement de cruels actes de répression de la part des forces d’occupation. La pénurie d’après-guerre s’effacera peu à peu pour faire place à un redémarrage progressif. Une usine de confection s’installe. L’activité agricole se transforme, et passe, dans les années 70, d’une agriculture polyvalente à l’élevage actuel.
Aujourd’hui, Matour a trouvé son second souffle, et s’affiche comme une commune dynamique, bien équipée, porteuse de développement, et accueillante aux visiteurs comme aux nouveaux arrivants qui peu à peu s’y implantent. Moderne, elle garde une partie de ses traditions vivantes, au travers de ses fêtes, marchés et manifestations de conscrits.