La place du Matray

Matray - place du Champ de foire

La place du Champ de foire qui tire son origine du champ de foire qui existait sur le Matray était à l’origine bien plus réduite. Elle occupait une superficie de 2 300 m² environ avec seulement deux accès, celui de  la rue du Matray à partir de la rue de Trécourt et celui reliant la route départementale (VC-31bis). La rue des Mensères n’était qu’un simple « passage ».

En 1874, un projet d’agrandissement du champ de foire se fait jour, il ressort du rapport d’expertise établi par les services de la préfecture que « Ce champ de foire est beaucoup trop petit en raison de l’importance croissante des foires et marchés d’hiver ; par conséquent il ne reste pas de place pour les bêtes à cornes, que pour cette raison les cultivateurs s’abstiennent d’amener, et les moutons sont obligés de se tenir sur la route ce qui est gênant pour la circulation et n’est pas sans danger »… Le conseil municipal dans sa séance du 31 mai 1874 fait état de trois possibilités : déplacement du champ de foire en un autre lieu, agrandissement du champ de foire existant au nord-ouest ou au Nord-est.
C’est la troisième solution qui a été retenue, nécessitant le déplacement de 4 jardins et permettant d’ouvrir au nord une nouvelle route à la place d’un simple sentier, route du Matray, qui n’était alors qu’un simple chemin d’exploitation.

Le plan ci-annexé permet de visualiser cette opération qui a considérablement modifié le secteur, portant la surface du champ de foire de 2 300 m² à 4 000 m² environ. Un deuxième agrandissement a eu lieu avec la création du pont bascule et d’un quai de chargement. 

Les foires régulières réunissaient les 1er et 3ème jeudi de chaque mois pour l’essentiel des porcs gras et porcelets à engraisser, également de nombreux moutons. Également quelques vaches dont certaines dressées pour l’attelage ou paires de bœufs. Le marché aux veaux se tenait un peu plus bas, au niveau de l’élargissement de la rue du Matray avec des barres d’attache à demeure. Sur cette rue, on comptait alors 4 commerces avec devanture dont deux cafés et la forge du « père Terrier ».

Au début du 20ème siècle, le Matray était occupé par plusieurs artisans, le cordier Dargaud, la sabotier Lathuillère, le charron Molette et le tailleur de pierres Lamborot.

Chacun avait reçu l’autorisation d’édifier un bâtiment sur le domaine public, la place étant communale. Les constructions devaient être légères et démontables, essentiellement en bois, sans ancrage et l’occupation donnait lieu au versement d’une redevance d’occupation du domaine public.
Après la guerre de 14-18, Claude Barbin installe sur le Matray son atelier de marbrier – tailleur de pierres et plus tard une scie à fil pour couper la pierre qu’il recevait en gros blocs. La dernière construction sur domaine public a été réalisée après la guerre de 39-45 pour un bâtiment en briques abritant le garage automobile Chetail.

À titre privé, dans les années 70-75, les organisations du Sud-Est achètent un bâtiment avec terrain qui deviendra une coopérative d’approvisionnement agricole à l’emplacement du funérarium actuel. A partir des années 70, le Matray se vide peu à peu de ses artisans qui cessent leur activité pour certains (charron, sabotier, cordier) et se délocalisent pour d’autres (marbrerie, garage).
La municipalité d’alors décide de donner à la place du Matray un nouveau visage et une nouvelle vocation avec la création du terrain de boules « à la lyonnaise » à l’abri des marronniers, la construction de sanitaires en 1987 après démolition du garage Chetail et l’aménagement d’une place pour véhicules, bals sous chapiteaux, cirques ambulants …

De nouvelles activités arrivent sous l’impulsion des différentes municipalités, La Poste en 1979, le funérarium, puis le cabinet vétérinaire. Tout dernièrement c’est un gros chantier qui a vu le jour avec réfection des réseaux, trottoirs, chaussées, espaces verts …

Un nouveau look pour cette place emblématique qui est sans doute le cœur historique de Matour, avec les plus vieilles constructions du bourg dont certaines édifiées directement sur le rocher (encore visible dans certaines pièces). En effet, on construisait prioritairement dans les endroits les moins fertiles pour laisser le bon terrain aux cultures !

Sources : documentation du Centre d’interprétation de la Maison des Patrimoines et archives communales.