La Grand'Roche
C’est le plus haut sommet de la commune qui culmine à 672m, si l’on excepte le Mont Saint Cyr (771m) dont le point culminant se trouve sur la commune de Montmelard. Il s’agit d’une roche granitique située à quelques encablures de la ligne de partage des eaux, bassin méditérranée.
Sur le flanc nord de la montagne jaillissent les sources de Botte, renommées pour leur qualité et leur abondance, qui sont captées et alimentent pour une grande partie les réseaux d’eau potable communaux. Au sommet, on bénéficie d’une vue dégagée sur le village de Matour, Trambly, Dompierre les Ormes, sur les monts du Beaujolais et sur la colline de Dun. Anciennement, il s’élevait un calvaire avec trois croix. En 1911, il n’en restait plus trace, détruites par la foudre.
En 1954, une nouvelle croix a été installée, en béton celle-ci, équipée d’un paratonnerre ….
Sur sa face la plus abrupte, à plus de 20m du sol, se trouve une entaille qui évoque le trou ou l’on introduit une clef d’où son nom de trou de la serrure avec une légende très connue.
À proximité, au lieu-dit Charue sur la commune de St Bonnet des Bruyères se trouve la mine de fer. Il s’agit d’une excavation maintenant difficile d’accès où l’on a recherché de la magnétite, minerai de fer oxydé formant des aimants naturels. Des analyses effectuées, ce minerai renferme de 40 50 de fer, , pas assez alors pour engager une extraction d’où l’abandon du projet. A noter que la roche est également riche en uranium.
Légende du trou de la serrure :
Version d’Emile CHATEAU, d’après le bulletin municipal de Matour :
« Sur le flanc de la forte, à l’endroit le plus abrupt, existe une toute petite empreinte semblable à l’orifice d’une serrure, d’où son nom de Trou de la serrure. Celui qui pourrait se procurer la clé ouvrirait la Grand’Roche enfermant un amas considérable de pièces d’or. Personne, jusqu’ici, n’a découvert la précieuse clé et les richesses enfouies sont intactes. A défaut de clé, on peut s’emparer du trésor la nuit de Noël, sur le coup de minuit. Au premier coup de l’heure, la forte s’ouvre, les pièces d’or sont visibles. On peut les saisir, mais il faut se hâter car, à peine le douzième coup a-t-il tinté que la roche se referme. Un Matourin, connaissant le secret, fut s’installer près du Trou de la serrure quelques instants avant le commencement de la Messe de Minuit. Minuit sonne à l’horloge du village, la porte s’ouvre, l’or brille au clair de lune. Le guetteur enfonce le bras dans l’ouverture, saisit les pièces à pleine main, mais n’a pas le temps de retirer son bras avant le douzième coup.
En se refermant, la Grand’Roche retient le bras de l’imprudent. Malgré ses efforts, il ne peut se dégager et doit rester dans sa triste position une année durant, ne recevant des aliments qu’autant que sa famille veut bien lui en donner. Quand Noël revint, la porte s’ouvrit et notre homme, enchanté de recouvrer sa liberté, s’enfuit sans rien emporter. Quelques années plus tard, un Sanbonneti (habitant de Saint-Bonnet) vint se poster près du Trou de la serrure, avant la Messe de Minuit, et muni d’un panier. Au premier coup de Minuit, il entre et emplit son panier. Mais il veut aussi garnir ses poches. L’or lui glisse des mains, et le douzième coup de Minuit sonne. Le rocher se referme et l’homme est emprisonné. Tous les samedis, la famille du reclus dépose, à son intention, une chemise propre près du Trou ; tous les lundis, elle trouve à la même place la chemise usagée de la semaine précédente. La Vierge se charge d’alimenter le prisonnier, qui maudit l’or dont il est entouré. Noël revient. La Grand’Roche s’ouvre et le captif se sauve sans rien emporter. Depuis lors, personne n’a tenté de s’emparer du trésor ; il reste à la disposition de celui qui voudra renouveler l’expérience. »
in rubrique « Traditions », Images de S&L n°105, juin 1996
« Le trou de la serrure est une excavation assez profonde et étroite, située à mi-hauteur dans le flanc le plus abrupt de la forte C’est là qu’il faut mettre la clef pour ouvrir la cassette qu’est la forte, et s’emparer des trésors qu’elle renferme. A défaut de clef, on peut aller au trou de la serrure en la nuit du 24 décembre : la montagne s’ouvre au premier coup de minuit pour se refermer au dernier. Un San-Bonneti (habitant de Saint-Bonnet-les-Bruyères) y étant entré, fut pétrifié d’admiration devant tant de joyaux , et ne s’aperçut pas que la montagne se refermait derrière lui. Force lui fut de demeurer prisonnier un an, nourri par les soins de la Sainte Vierge. Au Noël suivant, il s’enfuit sans rien emporter. »
p. 36, in « La Physiophile » n°2, article « Aux sources de la Grosne et du Sornin », de M.ROCHET, 10 février 1925